PRENDRE PLACE AVEC IMPACT

Notre parcours social est jalonné d’étapes où avoir sa PLACE devient un enjeu conscient ou inconscient. Que ce soit dans notre famille, parmi nos amis, au travail, nous avons besoin d’occuper une place particulière : aîné, cadet ou benjamin… À chacun sa place dans la fratrie…C’est aussi nos premiers jours dans une salle de classe, premiers concours, premières candidatures professionnelles, mobilité professionnelle, créer ou reprendre une entreprise… Et ces portes que nous avons poussées pour prendre place nous laissent croire qu’à l’image des chaises musicales, dont le nombre diminue à chaque tour, alors que celui des participants reste le même, nous devons jouer des coudes pour être en place.

Un terme aux contours plus ou moins larges, qui englobe, tout à la fois et en même temps, l’endroit, le métier, le statut affectif et relationnel. Une place où il est possible de s’accomplir, d’exprimer ses talents, d’être heureux… Jusqu’à devenir enfin, comme le disait Jung, « un morceau du monde ». Trouver sa place, prendre ou faire sa place, dans la lignée familiale (configurations fraternelles, rang dans les générations,..) et dans son environnement social participe à la construction du sentiment de soi. Parfois, cette place nous est facilement attribuée, pour certains imposée et pour d’autres elle nécessite d’être conquise.

Largement usité dans le domaine social, le mot « place » peut exprimer un statut, un rôle mais aussi une fonction ou des positions que chacun d’entre nous est amené à prendre dans la vie. Lors de transitions significatives, nous avançons dans le déséquilibre et c’est dans cet entre-deux que nous nous apercevons que cette place est mouvante. Trouver sa place peut revêtir différents aspects, emprunter différentes directions, revêtir un sens différent pour chacun. Par exemple, lors d’une prise de fonction, le but avoué est de trouver sa place, celle qui nous convient, la prendre, la maintenir et la faire évoluer.

Autant de questions qui vont nous pousser à explorer ce concept de place :

Quelle est ma place dans mon système familial, professionnel, amical, social ? Ai-je eu beaucoup ou peu de place ? Par rapport à quoi ou à qui convient-il de la définir ? Qui me la donne ? Cette place a-t-elle toujours été la même ? A -t-elle plusieurs facettes ? Quel est l’impact de cette place dans la construction de mon identité personnelle et professionnelle ? Pour quoi dois-je prendre place ? Dans quel cadre, quelles limites ? Quelles sont les difficultés, les obstacles et les conditionnements à dépasser ?

Dans notre modernité sociale, qu’est-ce qui change ?

Nous sommes dans un nouveau paradigme sociétal, la Loi symbolique du Père n’est plus le maître à bord ! Cette quête noble est le prix à payer de notre émancipation : le déclin de la fonction paternelle ou son absence, la chute des grandes idéologies qui nous inspiraient et des institutions qui nous  contenaient, la perte des repères familiaux et générationnels qui nous structuraient ont laissé une société en friche dans laquelle nous devons pratiquer ni plus ni moins que « l’ invention de soi », comme l’a écrit le sociologue Jean-Claude Kaufmann.

Aujourd’hui, les structures familiales se sont multipliées et diversifiées, elles donnent de nouvelles distributions des rôles et nous observons des inversions parfois dans les rapports d’identification. La triangulation symbolique père-mère-enfant est souvent chahutée mais nécessaire à l’évolution de l’enfant.

Alain Ehrenberg interviewé par la revue Adolescence, « Subjectivité publique » précise que « la famille moderne dans nos pays apparaît en effet fragilisée, décomposée, recomposée, monoparentale ou homoparentale, même si la famille nucléaire peut rester un modèle au niveau de l’idéal social ». Particulièrement touchés par cette recherche, les 25-35 ans, que Françoise Sand, conseillère familiale, baptise « la génération montgolfière, une génération volatile, s’agitant beaucoup, ne se fixant guère et qui, prise dans une longue post-adolescence, semble flotter au-dessus du réel.» Ces jeunes adultes doivent donc trouver leur bon port. Et si, sur cette route, il y avait d’abord plusieurs leurres à dépasser ?

Dans les entreprises modernes, nous cherchons tous à décrocher la situation ou la relation professionnelle qui nous donnera le sentiment d’être au bon endroit, heureux, et de justifier toute notre existence. Nous comprenons qu’il s’agit d’une construction intime avec son propre cheminement : celui qui mène chacun d’entre nous de la place qui nous a été donnée (par nos parents, nos amis, nos patrons) à la place qui nous revient légitimement, eu égard à nos valeurs, nos talents, nos désirs : la juste place… Une belle découverte intérieure, n’est-ce pas ?

Le jeu-des-PLACES (dans) la vie quotidienne
Encore les étiquettes qui grattent !

Qui va à la chasse perd sa PLACE !

 Vous rappelez vous de ces deux expressions de la vie courante qui trouvent leur origine dans une histoire de la Bible, celle d’Esaü et Jacob ? « Perdre son âme pour un plat de lentilles » et « Qui va à la chasse perd sa place ! ». Mais on peut aussi y voir une parabole. Autrement dit, ce qui a de la valeur, ma place dans le monde doit-elle vraiment être échangée contre autre chose, matériel et sans valeur, un plat de lentilles ? Et ce, quel que soit les circonstances ? La confiance placée en chacun d’entre nous, n’est-elle pas plus forte qu’un simple « troc » ?

La notion de place est aussi en lien avec le territoire, qui peut être un espace physique. À ce titre, le télétravail, les bureaux en open-space ou nomades brouillent fortement les cartes. « D’une part, nous avons besoin d’une bulle nécessaire à notre intimité pour développer nos compétences et notre identité propre et d’autre part de nous engager, de nous impliquer » analyse Sarah Sériévic. Dès lors que ces contours deviennent flous, la confusion s’installe et avec elle le sentiment d’être interchangeable. Ça n’a rien d’étonnant !

Nous voyons bien que la place est un concept mouvant et paradoxal, en même temps, nous souhaiterions la garder comme une armure protectrice et quand on l’obtient, nous nous sentons à l’étroit ! Alors arrive le sentiment parfois d’imposture… une illusion 3D ?

Est-ce à dire que le sentiment d’imposture n’est qu’un tour d’illusionniste de l’identité ? Suis-je bien celui que je devrais être pour occuper légitimement cette place ? Peut-on se poser la question : est-ce un problème de place où une question de savoir apprivoiser le sentiment négatif qui surgit et nous empêche de vivre notre situation sociale, professionnelle ou amoureuse dans le confort et le plaisir ? Plutôt que de le combattre, qu’est-ce que cela dit de nous ? Ne vaut-il pas mieux l’écouter et ne pas y poser notre cadre de référence qui pourrait nous indiquer qu’il s’agit d’un sentiment négatif ? Mais finalement, est-elle un signe de notre élan vital et que c’est le moment de changer ?

Le sentiment d’imposture nous montre aussi que nous sommes en mouvement, que nous désirons. C’est accorder nos places à nos désirs changeants et grandissants car si je ne me sens pas bien dans cette case, n’est-ce pas que la case est mal faite, peut-être ? Du sentiment d’imposture à l’esprit critique, et de celui-ci au désir de changer, il n’y a qu’un pas.

Trouver sa place, c’est connaître son terrain de jeu et en comprendre les règles. Donnez-vous les moyens de cerner votre unicité et faire émerger sa marque personnelle pour être soi-même et se positionner par rapport aux autres par un travail sur la conscience de soi.

Devenir Calife à la PLACE du Calife !

Trouver sa place c’est prendre conscience et tirer partie de ce que nous avons à notre disposition. Pouvez-vous vivre dans l’incomplétude ? Chassons l’insatisfaction chronique, tout d’abord : celle qui naît de toujours vouloir la perfection ou la rapidité. Il est rare que tout nous soit « donné » d’emblée. Quelles est votre marge de manœuvre dans votre environnement de travail : ce travail sur lequel on misait tant ne s’avère pas aussi épanouissant qu’on l’espérait, notre emploi du temps surchargé nous empêche de nous consacrer à telle ou telle activité… Faites preuve d’originalité !

Si je me pose tant de questions sur ma place, n’est-ce pas qu’elle est enviable (selon moi) et qu’elle est difficile (pour moi) de l’atteindre ou d’y avoir accès ? Et si j’ai réussi à l’occuper (est-ce que sérieusement, ils pourraient tous, autour de moi, se tromper à ce point ?); n’est-ce pas parce que je suis un être désirant, quelqu’un qui se porte où le désir l’appelle, qui se rend capable d’y répondre, de répondre à cette exigence en soi, tellement humaine, d’accomplir ce qui est un défi (pour soi), exigence qui, en retour, comme toute énergie déployée, peut nous rendre heureux et digne ?

Attention, tout est dans le jeu d’équilibriste. Ce moteur peut se transformer en piège. Et, être facteur d’émulation, l’envie peut tourner au vinaigre. Le psychosociologue Vincent de Gaulejac le constate régulièrement dans les groupes qu’il anime autour de la trajectoire sociale : « l’envie plonge l’anxieux dans un face à face destructeur qui annihile son propre désir. »

Tout comme le vizir Iznogoud, qui avait pour seule ambition de devenir calife à la place du calife, nous courons alors le risque de mobiliser toutes nos ressources et nos forces pour réaliser un projet qui, au final, ne s’avérera pas forcément bon pour nous.

La stratégie de repli est de mise, évitons la guerre des places. Cédons alors avec grâce… D’autres découvrent au contraire que c’est en occupant une position plus discrète qu’ils peuvent s’épanouir et déployer tous leurs talents.

Lâcher-sa… PLACE pour l’ombre !

La place au travail constitue un domaine important : on aborde le plan professionnel pour devenir quelqu’un pour réussir, être à la hauteur, exister. Certains sont courageux, méritants voir discrets avec une représentation idéalisée du travail et qui peut entraver une réalisation personnelle ; c’est parfois difficile d’oser prendre sa place avec sa valeur propre. Leur place est sans cesse à reconquérir ! Pour en sortir, certains cherchent la place qui est la leur en prenant le risque de faire des erreurs et de se montrer imparfait. Dans le cadre d’une reprise de poste après une absence, le salarié peut avoir le sentiment d’être sur un siège éjectable.

Vous avez la sensation de vous fondre dans la masse, peut-être même vous confond-on avec quelqu’un d’autre ? Résultat, tout un chacun pourrait occuper votre place, sans que cela fasse vraiment une différence. Bref, vous n’avez pas le sentiment d’être irremplaçable. Rassurons-nous, si nous interrogions le détective gaffeur Jack Palmer lui demandant où est sa place, la réponse dirait-il est simple, « l’affaire est dans le sac…Résolue depuis longtemps, elle est là où je suis ! »

Et pour ce qui n’ont pas encore leur réponse, ça se corse… Encore une part d’ombre à investiguer….Il y a le regard que je porte sur mon travail, si je considère mon travail positivement, je vais avoir tendance à m’y investir, mais sans en recevoir les lauriers. Il semble que je dois sans cesse prouver que cette place m’appartient. Il y a ce que je fais au niveau professionnel et ce que je suis. Faire la différence est importante pour ne pas s’identifier totalement par son travail sinon cela peut se traduire par un surinvestissement et pour certains de s’y perdre en créant un contexte émotionnel et relationnel excessif.

Et que dire alors le jour où le travail vient à manquer ? Le travail représente un sujet d’enrichissement, d’épanouissement, je peux y être pleinement moi-même ; s’autoriser à réussir dans son travail c’est aussi prendre place, c’est donc prendre conscience de sa marque personnelle, ses capacités, ses qualités, ses freins pour accroitre l’estime et la confiance en soir et repousser ses limites afin d’aller toujours plus loin tout en étant au plus près de soi.

Marcher ! Pratiquer les petits pas pour se placer : peu à peu, vous allez passer à l’action par petites touches concrètes pour nous sentir mieux,prendre davantage d’initiatives. Vous aurez alors « fait » votre place. Le doute, ensuite : « Suis-je au bon endroit ? », « Ai-je pris la bonne décision ? » sont des questions récurrentes. En réalité, aucune décision n’est a priori bonne ou mauvaise : c’est nous qui pouvons agir après coup pour qu’elle devienne la bonne.

Nous observons de manière empirique dans la pratique de l’accompagnement, une certaine connexité entre la difficulté de ces personnes, devenues adultes, à se positionner face à leurs interlocuteurs et amener la question de leur place dans la société : par exemple la posture dit de « camouflage » et de suradaptation peut être observée chez certains afin de se conformer aux attentes extérieures et éviter la crainte du rejet ou de la non reconnaissance des autres. La soumission, la dépendance, l’hypervigilance sont des attitudes utilisées face à un environnement non maîtrisable, au-delà de ce qui est nécessaire pour une bonne socialisation. Ces personnes perçoivent des risques importants à montrer leur vraie personnalité et se construise dans le désir des autres. Ainsi, ils peuvent avoir le sentiment de ne pas trouver leur place ou d’en changer très rapidement…

Cultiver son terreau émotionnel ! La peur notamment pour trouver ce qui est épanouissant pour soi, il faut aller la chercher, la faire bouger… Et donc, parfois, devoir accepter de ne plus avoir de place du tout, c’est dévoiler la peur d’agir, d’échouer, de souffrir… Travaillons avant tout nos propres peurs !

Trouver votre marge de manœuvre et la préserver ! C’est tester et trouver les limites nécessaires à la réussite de votre mission. Celles-ci sont parfois mouvantes et il serait difficile de les poser car il s’agit de relations professionnelles et d’organisations humaines qui sont en mouvement. Le travail du contact et des frontières devient utile dans ses périodes.

Savoir se rendre lisible aux autres ! Être visible et rendre visible son travail et celui de son équipe montre qu’on a trouvé sa place dans une organisation. Je suis souvent amenée à faire réfléchir mes clients sur la différence entre le « savoir-faire » et le « faire savoir ».

Rien ne va plus ! Votre PLACE est en-jeu

Peut-être avez-vous déjà eu cette impression soudaine d’être au mauvais poste ? Peut-être vous êtes-vous demandé ce que vous faisiez là ? C’est rentrer dans le moule de ce que l’on croit que les autres attendent de nous. C’est avoir des blessures, ne pas en tenir compte, et porter des masques pour les cacher. Des masques qui font que, au lieu de s’apaiser, nos blessures crient de plus en plus fort au fil des années. C’est faire nos choix en fonction de nos peurs, en niant ce qui demande à vivre à l‘intérieur de nous : nos rêves, nos désirs, nos projets… C’est se couper complètement de notre intuition, de notre corps, et vivre comme des robots qui se nourrissent d’argent, de pouvoir, de consommations, et de reconnaissance. Et puis, au fil du temps, on a le sentiment de vivre la vie de quelqu’un d’autre. On ne sait même plus à quoi ressemblerait le jeu si on y jouait qui nous sommes. On en oublie d’ailleurs que la vie est un jeu. Alors, on rêverait de prendre notre place, mais on ne sait plus où elle se trouve.

La notion de place est un sentiment intérieur. Quand nous l’avons trouvé, tout à coup, nous nous sentons bien, reconnu et valorisé et donc plus motivé et enclin à nous impliquer. Assurément, c’est ce que nous visons sans toujours pouvoir le nommer dans le cadre de notre travail ! Sur le plan professionnel, confirme Sarah Sériévic, psychothérapeute : « nous sommes à notre place, dès lors que nous sentons qu’il y a un potentiel d’évolution possible et que nous pouvons y participer, tant pour soi que pour le groupe . Nous avons alors le sentiment d’être un maillon juste, à une place juste ». Pourtant ce n’est pas toujours le cas ! Nous attendons trop souvent que quelqu’un nous la donne, alors qu’en réalité nous sommes le seul à pouvoir le faire. Tout dépend de la place qu’on s’attribue à soi-même. Se sentir légitime, avoir conscience de sa valeur et de ses compétences sont autant de sésames qui agissent en notre faveur !

Alors, comment construisons-nous notre place ?

Le terme de la place n’est pas facile à attraper car elle est mouvante et se tissent dans le jeu des expériences. Ces expériences subjectives sont de 4 registres intriqués afin d’être en place dans la vie personnelle et professionnelle.

L’expérience du symbolique

La place symbolique se forme dans le lieu du langage, nous avons été parlés avant d’être au monde, nommés par notre environnement familial qui nous attribue une place de fait en naissant dans la famille, la fratrie et celle que nous prendrons plus tard en fonction des évènements de la vie. C’est là que tout se joue, la place symbolique se construit dans ce qui en est dit et est renvoyée au sein de notre univers ambiant (la famille en tout premier lieu) avant même la naissance, dans la projection des parents sur leurs enfants. La manière dont ce nœud central a été noué et tenu est fondamental car il sert de consistance et marque l’individu dans son développement et dans sa vie quotidienne. La place symbolique est celle qui nous sert de socle vis-à-vis de notre entourage. Exemple : Léandre est la benjamine d’une fratrie de trois enfants et arrive après le décès d’une soeur portant le même prénom dans un milieu social privilégié.

L’expérience de l’imaginaire

C’est l’expérience qu’une personne se forge au quotidien à travers le récit qu’elle en fait en termes d’importance, de mérite, de reconnaissance, de pouvoir, de responsabilités, de perte, de manque, d’absence, … En lien avec ses représentations, ses croyances, ses valeurs qui forgent son identité personnelle et ou professionnelle. Le sentiment de place ne peut se forger que dans l’interaction avec les autres, dans ce qu’ils nous renvoient, il est donc lié aussi aux actions et réactions qui ont pu être provoquées dans les relations humaines. Prendre sa place exige d’être admis, accepté par exemple dans un groupe et de s’identifier afin de pouvoir y jouer un rôle sans pour autant être totalement impliqué. Elle est aussi en lien avec l’image de soi de son propre corps ainsi que la « reconnaissance » chez l’autre de son propre reflet et de comment j’affronte et apprivoise le regard de l’autre… Dans notre exemple : Léandre est souvent associée à sa petite sœur en termes de ressemblances ( expressions du visage, mimiques, voix…).

L’expérience du sensible

C’est ce qu’une personne éprouve de sa place à partir des expériences sensorielles et des émotions conscientes et souvent inconscientes suscitées en rapport avec la place occupée ou avec un vécu d’absence de place ; c’est le champ de l’expérience émotionnelle, des sensations, des humeurs, des sentiments qui y sont associées (amour, haine, envie, jalousie, frustration, joie,….). En psychologie, on parlera d’affects. Freud compare les affects à des précipités de très anciennes expériences vécues traumatiques et qui sont convoqués dans des situations similaires ; ce sont des reproductions d’événements anciens d’importance vitale. Dans certaines situations de contrainte, le sujet humain est conduit malgré lui pour réagir à séparer l’affect de la représentation de l’évènement traumatisant. Exemple : Léandre a l’impression de ne pas mériter ses succès professionnels, elle se sent décalée, déplacée dans sa vie personnelle et exprime qu’elle souffre du « sentiment d’imposture ».

L’expérience du réel (différent de la réalité)

C’est le point de singularité dans ce qui nous arrive, ce qui est imprévu, anormal, paradoxal, ce que l’on ne peut expliquer. Ce n’est pas la réalité quotidienne mais son envers en quelque sorte le réel de l’impensable, de l’impossible, de l’imprévisible que l’on ne peut nommer qui vient traverser comme un surgissement dans nos vies quotidiennes ; ça revient dans la réalité à une place où l’individu ne le rencontre pas, sinon sous la forme d’une rencontre qui réveille l’individu de son état ordinaire par exemple un symptôme. Reprenons notre exemple : Léandre développe depuis la période de l’adolescence un trouble psychosomatique, un eczéma au visage avec des périodes de fortes poussées et quelques rémissions. Elle dit avoir développé dès son plus jeune âge une dermite atopique qui s’était résorbée avec le temps. Aujourd’hui, celle considère que cette affection cutanée, ses plaques rouges et ses desquamations qui apparaissent sur son visage a un impact négatif dans l’image qu’elle renvoie aux autres et vit mal cet inconfort esthétique qui ne guérit pas malgré de nombreux traitements.

Pour conclure, ces quatre registres de la place sont reliés et tissent la trame de l’histoire de chacun d’entre nous. Cependant les fils de ce tissage ne sont pas identiques. Ils diffèrent par et dans le temps et l’espace !